Pourquoi Eurostat, l'organisme de surveillance des normes comptables, a-t-il recalé le montage financier du tram ? Le dossier a-t-il été mal ficelé ? Au-delà des aspects très techniques, les motivations des eurocrates apparaissent très politiques. Et, à le lire dans le détail, leur avis contient l'un ou l'autre raisonnement curieux.
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Selon les experts d'Eurostat, l'investissement de 380 millions d'euros pour le tram doit être comptabilisé dans les dépenses du gouvernement wallon,... tout simplement parce que, selon les critères des autorités européennes, les pouvoirs publics restent, dans le dossier, les maîtres du jeu.
Et c'est vrai qu'il est prévu que la ligne soit exploitée par la société TEC, qui doit fournir les chauffeurs, fixer les cadences, déterminer les tarifs. Mais jusqu'ici, pour ce genre d'infrastructure, ce type de montage, ça n'a jamais posé de problème....Alors, d'où vient la difficulté ?
Peut-être, entre autres, de la présence, dans le consortium de Mobiliège, le groupe d'entreprises qui a été sélectionné lors de l'appel d'offres, outre le français Alstom pour le matériel, le hollandais Bam pour les voies ferrées, la présence, pour le volet financier, de la banque Belfius. Une banque détenue à 100% par... l'Etat belge. Peu importe qu'il ait fallu la racheter après la crise de 2008 ; peu importe que le ministère des Finances cherche à la revendre dès que l'occasion s'en présente : à lire le rapport d'Eurostat, c'est un organisme public. Et c'est bien la preuve que le projet du tram liégeois n'est pas suffisamment concédé, suffisamment privatisé, pour être "sorti" du budget régional. Une manière de pousser le projet vers des modes de gestion déléguée à la française, vers de l'affermage. L'avis d'Eurostat n'est donc pas dégagé d'arrière-pensées idéologiques. La réponse à apporter risque d'être... compliquée.