Alstom veut construire le tram à Liège et prévoit la création de 600 emplois
19 mars
©REUTERS
Alstom propose son tram de nouvelle génération, le Citadis X05, pour décrocher le projet du tram à Liège. Il permet de réaliser une économie de consommation d’énergie de 25%. Le coût de maintenance est réduit de 18%. Alstom soutient qu’en décrochant le marché liégeois, il créera 600 emplois. Décision en juillet pour une mise en service en 2022.
"À votre droite, vous avez la ligne principale; à votre gauche, vous avez les systèmes d’assemblage. Pour réaliser un tram de 40 mètres, il faut 5 modules. Nous fabriquons ici un tram par semaine. On travaille en deux shifts: de 5h à 13h, de 13h à 21h et il y a une petite équipe de nuit." Ainsi démarrent les explications d’un des ingénieurs d’Alstom dans les ateliers de La Rochelle du constructeur français de matériel roulant. C’est ici que le groupe fabrique la nouvelle génération de trams, le Citadis X05, qui roulera bientôt sur une nouvelle ligne à Nice. L’assemblage de cette commande se fait en alternance avec d’autres marchés décrochés par Alstom ALO0,40% à Casablanca, Bordeaux, Dublin, au Qatar, etc.
Le Citadis X05 est la nouvelle génération de trams que commercialise aujourd’hui Alstom et dont le groupe vante les avantages auprès de ses partenaires. "Il concentre les avancées technologiques que nous avons engrangées sur les générations précédentes de Citadis. Le X05 présente un couloir central plus large permettant de se déplacer plus facilement. Il y a une double porte à l’avant qui facilite les opérations de montée et de décente des voyageurs. Et de l’intérieur, les usagers ont un effet balcon grâce à de larges baies vitrées", détaille Eric Caplot, responsable du produit tram de la plateforme véhicules légers sur rails.
Il rappelle que le X05 peut rouler jusqu’à une vitesse maximale de 80 km/h (70 km/h pour la génération actuelle) et qu’il permet une économie en consommation d’énergie de 25% par rapport au tram actuel. Le X05 offre un confort de conduite au conducteur et garantit, d’après ses concepteurs, une fiabilité à toute épreuve. Il est à plancher bas. "Outre ses avancées de plus de 15 ans d’expertise, le client est aussi intéressé par le coût de la maintenance du tram. Avec le Citadis X05, on arrive à une réduction du coût de la maintenance préventive de 18%. C’est un poste important pour les gestionnaires de flotte de trams", poursuit Eric Caplot.
Energie via le sol
C’est donc cette nouvelle génération de véhicules légers sur rails qu’Alstom propose pour décrocher le marché de la nouvelle ligne de tram à Liège. Un trajet de 11,6 km qui reliera Sclessin et Coronmeuse. Dans son offre, le constructeur français propose un produit qui se fond dans l’environnement et garantit un confort visuel. En effet, au centre-ville, il n’y aura pas de fils électriques aériens pour alimenter le tram. Le chargement se fera par le sol via le système APS. "APS est un système éprouvé d’alimentation au sol pour les tramways, fonctionnant sans caténaires. L’alimentation électrique se fait alors par l’intermédiaire d’un troisième rail au niveau du sol", explique-t-il.
Pas de risque d’accident d’électrocution pour les piétons. La mise sous tension des segments conducteurs est déclenchée par un dialogue radio codé entre la rame et le sol, lors du passage du tram. Ainsi, les segments non couverts par la rame ne sont pas alimentés. Et une fois le tram passé, les rails redeviennent inertes. À Liège, Alstom aurait répondu à une demande de la Société régionale wallonne du transport (SRWT) en prévoyant un système d’alimentation par caténaire aux extrémités de la ligne. Le tram déploiera à ce moment ses pantographes pour assurer l’alimentation électrique du véhicule.
L’avantage de l’APS (par rapport au système SRS qui en est un dérivé) est qu’il n’y a pas de limitation d’alimentation en énergie (par opposition aux systèmes embarqués de stockage d’énergie dans le cas du SRS). Dans le cas du SRS, la recharge (avec stockage de l’énergie dans des batteries) se fait à chaque arrêt en station. "On ne peut pas comparer l’APS et le SRS. Tout dépend de la configuration de la ligne et nous proposons la solution la plus idoine au client", précise Eric Caplot. À ce jour, l’APS est en service à Bordeaux, Reims, Orléans, Angers, Tours et a été commandé par Dubaï, Cuenca et Rio.
Le tram en 2022
Dans la course pour le tram de Liège, Alstom s’est associé avec BAM et Galere au sein du consortium Mobiliège 2.0. En face, il y a une autre association momentanée composée de Caf, Colas et du fonds d’investissement Dif. Les deux consortiums se battent pour signer le partenariat public- privé du type DBFM (design, built, finance, maintain) avec la SRWT. La date de rentrée de l’offre finale (Best and final offer/Bafo) est fixée à mai 2018 avec l’espoir que le donneur d’ordre (SRWT) arrête sa décision en juillet et un démarrage des travaux fin de l’année. Si tout va bien, la mise en service du tram de Liège est attendue pour 2022.
600 emplois à Liège
Le projet représente un investissement total de 420 millions d’euros (le lauréat bénéficiera d’un prêt de 210 millions de la BEI). Il prévoit la construction de 21 stations et d’un centre de maintenance à Bressoux. Si Alstom décroche le marché, la production se fera à La Rochelle ou à Barcelone. Le centre d’excellence du groupe français à Charleroi fournira des composants et le matériel de traction. Il s’occupera aussi des tests et de l’homologation du matériel. D’après le constructeur, la réalisation du projet permettra la création de 600 emplois dont 250 postes de travail chez BAM, 200 chez Alstom et le reste chez les sous-traitants.